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L'enquête visant Alexis Kohler, bras droit d'Emmanuel Macron, se précise

Mis en examen pour « prise illégale d'intérêt » fin septembre, le secrétaire général de l'Élysée est soupçonné d'avoir participé en tant que haut fonctionnaire entre 2009 et 2016 à des décisions relatives à l'armateur italo-suisse MSC, dirigé par les cousins de sa mère. 

Ce possible conflit d'intérêt a été révélé par Mediapart en mai 2018. Après un an d'enquête au PNF classée sans suite, l'association Anticor a obtenu en juin 2020 la désignation de juges d'instruction. Dans cette enquête riche de plus de cinquante auditions et dix perquisitions, Alexis Kohler a été interrogé les 22 et 23 septembre, selon des éléments de son interrogatoire dont l'AFP a eu connaissance ce mardi.

Les juges Virginie Tilmont et Nicolas Aubertin lui reprochent d'avoir « participé » de 2009 à 2012, comme administrateur, à cinq délibérations des instances de STX France (aujourd'hui Chantiers de l'Atlantique) et trois du Grand Port Maritime du Havre (GPMH), liés à MSC. Puis entre 2012 et 2016 à Bercy, sous Pierre Moscovici puis Emmanuel Macron, d'avoir notamment « persisté (...) à émettre des avis ou donner des orientations stratégiques ayant trait » à des dossiers impliquant MSC. Une potentielle infraction, car la mère d'Alexis Kohler est cousine de Rafaëla Aponte, épouse du fondateur Gianluigi Aponte. Un lien familial « simple » mais au « 5e degré », « éloigné », pour l'intéressé.

Alexis Kohler reconnaît aussi une « amitié sincère » entre son épouse et Rafaela Aponte, avec des séjours annuels de Sylvie Kohler ou de leurs enfants de 2009 à 2013, mais aussi en 2019, sur des yachts MSC, souvent avec des membres du clan Aponte. Pour les juges, cet « intérêt moral » peut « compromettre l'impartialité, l'indépendance ou l'objectivité » d'Alexis Kohler.

Alexis Kohler affirme n'avoir participé à aucune décision

Devant les magistrats, le secrétaire général de l'Élysée indique d'emblée n'avoir « jamais considéré être en situation de conflit d'intérêts ». Mais paradoxalement, il martèle avoir tout fait, « dès novembre 2008 », pour se trouver loin du dossier MSC. Il explique n'avoir participé à aucune décision concernant ce client phare de STX ; avoir averti de ses liens familiaux et demandé à quitter son mandat d'administrateur de STX, ce que sa hiérarchie aurait refusé ; avoir exprimé la position de l'État plutôt que la sienne en conseil d'administration.

► À écouter aussi : Affaire Kohler: «L'Elysée ne va pas pouvoir garder le silence»

Lorsqu'il était à Bercy, il dit avoir organisé un déport du dossier MSC « informel » avec Pierre Moscovici (2012-2014) puis via « une lettre » avec Emmanuel Macron (2014-2016). Les magistrats indiquent n'avoir retrouvé « aucun écrit ou note de l'Agence des participations de l'État, du Trésor ou du ministère faisant état du lien familial avec la famille Aponte » ou organisant cette mise à l'écart du dossier MSC entre 2010 et 2016.

À l'issue des quinze heures d'interrogatoire, Alexis Kohler concède un « débat sur (son) degré de formalisme » pour avertir de son déport des dossiers MSC, mais se dit cependant « choqué et indigné » de la « mise en cause » de son « intégrité ». Il est mis en examen pour « prise illégale d'intérêt », et témoin assisté pour « trafic d'influence passif ».

(Avec AFP)