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Les crises que traversent l'UE au cœur du discours sur l'état de l'Union d'Ursula von der Leyen

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit prononcer son discours de politique générale devant le Parlement européen ce mercredi. Elle est attendue sur de nombreux sujets, comme l’inflation ou la crise énergétique. Si l’an dernier, Ursula von der Leyen pouvait se féliciter de la gestion du Covid par l’UE ou bien faire preuve de fermeté sur l’État de droit face à l’Europe centrale, le discours de cette année survient à un moment de crise quasi-existentielle pour l’Union européenne.

Le pivot de ce discours sur l’état de l’Union, c’est la guerre sur le continent européen, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Autant, les Européens et leurs institutions ont surtout joué les spectateurs lors des guerres de Yougoslavie il y a 30 ans, autant ils sont de plus en plus impliqués aujourd'hui dans le conflit en Ukraine.

La préoccupation centrale du moment est évidemment la crise énergétique qui continue de diviser les 27 gouvernements de l’Union. Et c’est en particulier le cas en ce qui concerne la mise en place d'un prix plafond pour le gaz importé de Russie, ce que refusent certains comme la Hongrie alors que d’autres comme la Belgique veulent aller encore plus loin.

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La Commission va donc devoir proposer des solutions novatrices pour l’énergie comme lui demandait ce mardi la première ministre finlandaise Sanna Marin dans un discours à cette même tribune de l’hémicycle strasbourgeois. Sanna Marin a notamment demandé à la cheffe de l'exécutif européen de « nouvelles solutions audacieuses » pour faire baisser les prix de l'électricité payés par les foyers et les entreprises. « Nous payons maintenant un prix très élevé pour notre dépendance à l'énergie russe. La guerre et le prix de l'énergie font peser aussi la menace d'une crise alimentaire mondiale », a-t-elle mis en garde.

La question de l’unité européenne devrait aussi être au centre du discours d'Ursula von der Leyen, ainsi que la solidarité avec, évidemment en ligne de mire, une réduction effective des prix de l’énergie, seul moyen de convaincre les citoyens européens que l’engagement aux côtés de l’Ukraine n'obscurcit pas l’avenir économique de l’Union.

Rigueur budgétaire

Côté économie, une dérogation aux règles de rigueur budgétaire pourrait être remise sur la table. Le pacte de stabilité et de croissance, en vigueur dans la zone euro, limite les déficits publics des États à 3% de leur PIB et leur dette à 60% du PIB. Pourtant, à cause de la pandémie de Covid-19 et des mesures de soutien à l'économie, ces règles ont dû être assouplies et une dérogation les a prolongées jusqu'à fin 2023 en raison de la guerre en Ukraine.

Confrontés aux dépenses à cause de la guerre en Ukraine, quatre pays membres demandent l'assouplissement de ces règles car ils ont décidé de se réarmer en urgence. La Pologne a même doublé son budget consacré à la défense. Elle demande donc avec la Grèce, la Roumanie et la Lituanie un assouplissement de la doctrine budgétaire.

Cette doctrine a été conçue pour limiter les emprunts publics, mais désormais, elle devrait intégrer les menaces pour la souveraineté et l'intégrité territoriale des pays de l'Union, affirment les signataires qui demandent au passage de ne pas engager les procédures disciplinaires face à de possibles dérapages.

La Commission n'est pas contre mais c'est l'Allemagne qui s'y oppose. Elle plaide pour le retour de la rigueur budgétaire dans l'Union. C’est le seul moyen, selon Berlin, de limiter l'explosion des déficits publics après la pandémie.

« Espoir » et « lucidité »

Du côté des parlementaires européens, la période agitée que traverse actuellement l’Europe nécessite un discours fort de la cheffe de la Commission européenne. « J’attends un discours d’espoir », indique à RFI, l’eurodéputé du du groupe conservateurs du PPE, José Manuel Fernandez. Cependant, il avoue que la Commission aujourd'hui n'est pas en mesure de surmonter certains problèmes.

J’attends un discours de proposition, que l’énergie et l’inflation soient sur la table.

José Manuel Fernandez, eurodéputé PPE

L’eurodéputée française Manon Aubry, elle, réclame de la « lucidité » de la part de Mme von der Leyen. Face à la crise économique que traverse l’Europe, « il faut mettre à contribution les grandes entreprises qui ont profité de la crise pour s’enrichir », estime-t-elle, évoquant des avancées dans le débat sur la taxe sur les super-profits.

Les salaires dans l'Union européenne ont progressé deux fois moins vite que les prix, c’est donc une perte de pouvoir d’achat pour des millions de personnes. Et ça, c’est l’enjeu majeur sur lequel l’union européenne devrait apporter des réponses.

Manon Aubry, eurodéputée