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Russie: le pouvoir conforte sa reprise en main sur la culture

En 2022, avec l’envoi de soldats en Ukraine, s’était opéré un schisme dans le monde de la culture, entre ceux qui contestaient et sont partis d’eux-mêmes dans les premiers mois, certains discrètement, d’autres en le faisant savoir le plus fort possible, et ceux qui sont restés loyaux. Le pouvoir désormais accentue son emprise dans tous les domaines.

Dans le viseur du pouvoir, surtout tous les artistes qui ont de l’audience. Cette semaine écoulée en a donné deux exemples. L’écrivain Dmitry Glukhovsky, déjà classé agent de l'étranger après avoir quitté la Russie, a commencé à être jugé par contumace ce mardi. L’auteur de best-sellers est accusé de faux concernant les forces armées russes et risque a minima une forte amende.

Classé agent de l’étranger en même temps que l’écrivain, lui aussi visé par un procès par contumace cette semaine, le chanteur de rap Oxxymiron. Cela fait longtemps que ses textes contestataires, très écoutées par la jeunesse, posent problème au pouvoir : une de ses chansons sur les fusillades dans les écoles a déjà été classée « extrémiste » et interdite. Une deuxième pourrait suivre. Elle parle de Saint-Pétersbourg, mais en mots codés – des mots que tout le monde en Russie comprend très bien – parle d’un pays qui un jour sera enfin libre. Un indicateur de son immense succès : YouTube est censé être interdit en Russie, mais depuis mi-septembre, la chanson sur cette plateforme a recueilli 15 millions de vues.

Qu’écoute-t-on facilement en Russie en ce moment ? Des chanteurs qui ont les faveurs du pouvoir, comme le jeune et blond Shaman. Ce vainqueur d’un télécrochet vivotait jusqu’au début du conflit, mais désormais son titre « Je suis russe » passe sur toutes les radios et télévisions et il chante aux concerts officiels, comme celui du stade Loujniki pour commémorer le premier anniversaire de ce que le pouvoir appelle toujours « l’opération spéciale en Ukraine ». Ses tickets de concert sont 30% plus chers que la moyenne, mais ça marche : la nouvelle idole que le pouvoir met en avant pour les jeunes remplit les salles. Il se produit aussi gratuitement sur le terrain dans le Donbass pour l’armée russe.

Le directeur du musée Pouchkine licencié

En ce moment en Russie, il vaut d’ailleurs mieux connaître ces artistes-là. Une affaire a ainsi beaucoup marqué les esprits à Moscou : une descente de la police anti-émeute, les OMON casqués et vêtus de noir, vendredi 17 mars dans la soirée dans deux bars du centre. Les propriétaires sont accusés d’avoir collecté de l’argent pour l’armée ukrainienne. Lors de cette descente, après les contrôles des papiers, de nombreuses arrestations, une cliente a été contrainte de peindre le « Z » de l’opération spéciale sur une vitre. Et pour couronner le tout, les policiers ont aussi forcé certains jeunes clients à chanter, filmés, un titre de « Lioubè », le groupe favori de Vladimir Poutine.

Cette semaine a vu aussi le licenciement de la directrice du musée Pouchkine. Elle est remplacée par une ancienne membre du mouvement de la jeunesse Pro-Kremlin, également ex-employée du ministère de l'Intérieur. En février déjà, deux directions avaient déjà changé dans deux célèbres musées : la galerie Trétiakov à Moscou, le musée russe à Saint Pétersbourg. À chaque fois, ce sont des personnalités proches du pouvoir qui ont pris les rênes.

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