Niger
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Séisme en Turquie: à Adana, les recherches de survivants continuent mais les espoirs s'amenuisent

Reportage

Le bilan ne cesse de s’alourdir après le séisme du 6 février, et les opérations de secours se poursuivent pour tenter de retrouver des survivants sous les débris. Adana, dans le sud-est de la Turquie, est la cinquième plus grande ville du pays. Une vingtaine d’immeubles s'y sont écroulée et 200 personnes sont mortes.

Avec nos envoyés spéciaux à Adana, Guilhem Delteil et Jad El Khoury

Dans le quartier du nord d’Adana, les opérations de secours se poursuivent encore. La ville a pourtant été moins touchée que d’autres et il s’agit d’une grande ville où les équipements techniques étaient disponibles. Mais ici aussi, des personnes sont toujours portées disparues, probablement ensevelies sous les débris des immeubles qui se sont effondrés.

Lors des recherches, des sifflets et des cris des secouristes retentissent. Alors, les engins à l’œuvre se taisent et le silence s’installe soudainement. Les sauveteurs guettent un bruit qui pourrait indiquer la présence d’un ou d'une survivante sous les décombres. Au bout de quelques instants, les marteaux-piqueurs reprennent avec une certaine prudence tout de même au cas où quelqu’un serait bien présent sous cet amas de béton.

Devant les vestiges de cet immeuble, des centaines de personnes sont rassemblées. Des survivants qui n’ont plus de logement, des bénévoles venus distribuer de la nourriture. Le maire de la ville est aussi venu à la rencontre des sinistrés pour montrer sa solidarité.

► À lire aussi : Séisme en Syrie: «Nous demandons la réouverture des corridors humanitaires»

Des immeubles détruits préventivement 

Quelques mètres plus loin, un autre immeuble a été endommagé, mais ne s’est pas écroulé. Les habitants sont partis après la première secousse et ont survécu. Mais l’immeuble est très fortement endommagé et les lieux sont interdits d’accès. La police est passée ce mercredi matin pour annoncer la prochaine destruction du bâtiment. Enfreignant les interdictions d’accès, certains habitants tentent de récupérer quelques biens. Des vêtements chauds alors que les températures sont froides (0 °C au plus bas de la journée), des médicaments, éventuellement des souvenirs ou des objets auxquels ils sont attachés. Un homme est reparti avec le bocal de son poisson rouge.

Le retour des personnes originaires des régions touchées pour aider les victimes

Beaucoup de personnes originaires de ces régions sinistrées rentrent chez elle pour prêter main forte. Burcu Yozgatli, rencontré par nos envoyés spéciaux à Antioche, Jad El Khoury et Guilhem Delteil, arrive d'Istanbul et ne lâche pas son téléphone. À distance, elle tente d’aider les personnes menant les recherches sur les emplacements en envoyant des informations qui permettraient de localiser d’éventuels survivants. L’urgence dicte ses gestes. Les émotions, elles, ont disparu, dit-elle. « Dans ma famille, 34 personnes sont mortes. Et ce n’est que dans ma famille. Je suis tellement triste. Je ne peux pas vous exprimer mes sentiments. Nous ne ressentons plus rien maintenant. »

Burcu Yozgatli aura mis deux jours à pouvoir rejoindre sa ville d’Antioche. Elle a apporté des valises de vêtements chauds pour les distribuer aux rescapés. Et elle veut participer, comme tant d’autres bénévoles, aux opérations de recherche. Beaucoup de membres de sa famille sont toujours portés disparus. « Personne ne peut les transporter, les repérer sous les débris, les enterrer. Et il faut d’abord retrouver les gens, raconte la jeune femme. On nous a dit qu’une de mes tantes avait été sauvée, sortie des débris. Mais on ne sait pas où elle est : on n’a toujours pas pu entrer en contact avec elle. »

Un travail de titan, mais cette ingénieure promet de ne pas baisser les bras. « Une personne est une personne. Si nous pouvons sauver une personne, il faut le faire. Aujourd'hui, une personne représente une famille énorme pour nous. » Mais les habitants des zones sinistrées réclament plus de moyens techniques. Les bras ne suffisent pas pour déplacer des blocs de béton.

► À écouter aussi : Reportage International - Séisme en Turquie: témoignage d'une équipe de secouristes français venus prêter main forte