Au Sénégal, le 26 septembre marque l’anniversaire du terrible naufrage du Joola en 2002, dans lequel près de 2000 personnes ont perdu la vie. À Ziguinchor, la capitale de la Casamance d’où beaucoup étaient originaires, un musée mémorial devrait bientôt ouvrir. Le ministre de la Culture était en visite sur place il y a quelques jours pour remettre des subventions aux associations de familles de victimes et rescapés pour l’organisation des commémorations. Il en a profité pour visiter le chantier.
Avec notre envoyée spéciale à Ziguinchor, Juliette Dubois
Au bord du fleuve Casamance, le bâtiment encore recouvert d’échafaudages évoque un bateau avec ses fenêtres hublot. Des ouvriers s’activent, tuyaux dans les bras. L’administratrice du musée Sokhna Gaye guide le ministre de la Culture et une délégation d’élus dans les étages vides. La structure est conçue comme un musée à la fois mémoriel et pédagogique.
« Tu as l'histoire maritime de la navigation en Casamance, tu as le naufrage du Joola en trois temps : l'embarquement, la vie à bord et le débarquement. Le dernier élément, c'est les enseignements, donc la didactique du discours », explique Sokhna Gaye.
Le projet a été lancé il y a huit ans, et la construction entamée en décembre 2019 par Eiffage Sénégal. Le ministre de la Culture Aliou Sow est confiant : « On a pris les plus grands experts en matière de muséographie au Sénégal. Avec l'expertise étrangère d'autres pays qui ont déjà mis en place des musées relatifs à des faits mémoriels, les hélices et d'autres reliques du bateau sont également mobilisés en relation avec la marine. »
Sokhna Gaye est consciente des défis qu’il faudra relever pour atteindre le public : « Si les gens ne viennent pas au musée, déplacez le musée chez les gens. Ce sera une politique qui va falloir développer avec l'animation du musée. »
Pour les proches des victimes, ce musée permettra de lutter contre l’oubli. Élie Diatta est chargé des affaires juridiques de l’Association nationale des familles de victimes et rescapés du Joola. Il a perdu son grand frère dans le naufrage. Il souhaite surtout que le musée puisse aussi abriter les restes des victimes.
[...] C'est un temple pour nous, familles de victimes, c'est un cimetière, ça nous permet de nous recueillir. Si entre temps le musée parvient à recueillir les reliques, les ossements, ça pourra régler la véritable problématique des familles qui est le traumatisme, parce que jusque-là on se sent au fond de l'océan.
Le chantier a accumulé du retard. L’inauguration prévue pour les 20 ans du naufrage en 2022 a été repoussée à septembre de cette année. Le ministre annonce finalement une ouverture mi-novembre.
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