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Suisse: le business des signatures pour les votations, la face cachée de la démocratie helvète

Ce dimanche 27 novembre, on devait voter en Suisse. Devait, car les traditionnelles votations fédérales ont été annulées par le gouvernement, faute de texte prêt à être soumis aux Suisses. L’occasion de revenir sur la face cachée de la démocratie directe chez nos voisins, avec le business de la récolte de signatures. Il en faut 100 000 pour déclencher un vote au niveau national. Un travail de fourmi, de plus en plus délégué à des entreprises privées. Pas toujours très scrupuleuses sur la façon de procéder.

Avec notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche

Payer quelqu’un pour qu’il aille récolter des signatures dans la rue n’a rien d’illégal. Mais la méthode pose question, surtout quand on sait que ceux qui s’en chargent sont payés à la signature. Tarif : entre 1 et 3 francs le paraphe selon les entreprises - à peu près la même chose en euros - explique Carole Pantet. Elle est journaliste et a mené l’enquête pour la Radio télévision suisse (RTS) : « C’est vraiment du petit boulot précaire, à la signature. Ça veut dire que la base politique, la croyance politique, elle est loin derrière; là, on a vraiment le même objectif que si on est représentant pour un opérateur téléphonique et qu’on veut faire le maximum d’abonnements, on est dans de la vente. »

« Machine à argent »

Le problème quand on paye quelqu’un pour qu’il engrange des signatures, c’est aussi qu’il peut mentir : « Pour une initiative qui tend à limiter l’avortement, il y a quelqu’un qui présente l’initiative comme étant pour favoriser le droit à l’avortement, on trompe le citoyen. C’est une machine à argent finalement, on paie des signatures, on paie une votation, et puis ça n’a rien de représentatif. »

Rares sont les partis à dire qu’ils passent par des prestataires pour récolter les précieuses signatures. Question d’image. Dans certains cas, les entreprises peuvent apporter entre 30 et 70% du total requis pour que les Suisses votent sur un texte. Jusqu’ici, le gouvernement a toujours refusé d’interdire la méthode, estimant que les dérives étaient marginales; seul le canton de Neuchâtel a décidé de rendre la pratique illégale.

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