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Tigré: les réfugiés au Soudan réclament le départ des Érythréens pour «retrouver la paix»

La situation humanitaire reste très fragile au Tigré, comme la trêve signée le 3 novembre dernier. En cause : la présence des forces érythréennes depuis le début du conflit. Les réfugiés tigréens au Soudan s’indignent, appelant les Érythréens à quitter le territoire.

Avec notre envoyé spécial à al-Hashaba, Eliott Brachet

Au Soudan, où près de 46 000 Tigréens vivent dans des camps de réfugiés depuis deux ans, l’espoir suscité par les accords de paix entre le gouvernement éthiopien et les autorités du Tigré est vite retombé pour faire place aux doutes. Car les accords de paix ne mentionnent pas l’implication des forces érythréennes, bien que de nombreux rapports indiquent que leurs exactions se poursuivent dans le nord du Tigré, risquant de faire dérailler la fragile paix négociée.

Dans un petit restaurant installé au milieu du camp d’al-Hashaba, une dizaine d’hommes assis sur des chaises en plastique ont les yeux rivés sur une télévision. À l’écran, des reportages diffusés par une chaîne tigréenne montrent des civils en fuite. « La paix a été signée il y a un mois. Mais à Golo Makhada, à l’est du Tigré, les forces érythréennes ont déplacé ces derniers jours 90 000 personnes, fulmine Haftom Tesfai, réfugié au Soudan. Elles ont tué 81 personnes et kidnappé 48. Toutes leurs propriétés sont en train d’être pillées. Les Érythréens ne veulent pas de l’accord de paix, ils font tout pour qu’il ne soit pas appliqué sur le terrain. »

Ces réfugiés appellent les médiateurs internationaux, États-Unis en tête, à garantir le processus de paix et faire pression sur Abiy Ahmed. Mais pour Mabrahtu Weldo, un fermier originaire d’Aksoum au Tigré, il est impossible faire confiance au Premier ministre éthiopien qui s’est allié avec l’Érythrée : « Abiy Ahmed s’est accordé avec un homme sans foi ni loi. [Le président érythréen] Issaias Afwerki est un homme dangereux qui déstabilise toute la région. Si l’armée érythréenne ne se retire pas, il n’y aura pas de paix. Tous mes proches ont été tués par leurs armes dans cette guerre, ils ont exterminé notre peuple. Qu’ils dégagent tous pour que nous trouvions la paix »

Le Front de libération du peuple du Tigré insiste sur le fait que le désarmement des forces tigréennes n’aura lieu qu’une fois que les troupes étrangères et non fédérales se seront retirés de la région. En visite à Addis-Abeba, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réitéré son plein soutien à la pleine mise en œuvre la trêve.

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