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Yémen: gouvernement et rebelles concluent un accord sur un échange de prisonniers

Faut-il y voir l’une des premières illustrations concrètes du rapprochement amorcé il y a dix jours entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui se livrent une guerre par procuration au Yémen ? Un accord pour un échange de prisonniers a été conclu sous l’égide de l’ONU en ce lundi 20 mars en Suisse entre les forces gouvernementales et les rebelles houthis.

C'est une photo assez rare dans un conflit qui a fait plus de 380 000 morts. Les représentants des délégations des deux camps ennemis main dans la main posant devant le drapeau de l’ONU. L’accord conclu lundi prévoit au total la libération de 887 détenus.

Dans le détail, les Houthis s’engagent à libérer 181 prisonniers. Parmi eux, on trouve notamment l’ancien ministre yéménite de la Défense ou encore 15 ressortissants saoudiens. De l’autre côté, le gouvernement yéménite promet de relâcher 706 rebelles houthis.

L’échange aura lieu dans trois semaines. Cela fait 5 ans que les forces gouvernementales du Yémen et les rebelles Houthis négocient en Suisse pour échanger leurs prisonniers. En 2020, un millier de détenus avaient été libérés, mais depuis les discussions calaient. L’accord de lundi survient alors que les parrains de deux belligérants, l’Iran et l’Arabie saoudite viennent de sceller la reprise de leurs relations diplomatiques.

Stratégie de négociations

Cette situation devrait inciter les Houthis a plus de flexibilité, estime Abdul-Ghani Al Iryani, chercheur au centre de Sana’a pour les études stratégiques, un groupe de réflexion yéménite. « Les Houthistes ont été aussi surpris par l’accord irano-saoudien que nous tous et cela va les forcer à réévaluer leur stratégie de négociation. Ils sont dans une position plus délicate ; avant, ils avaient une pleine confiance dans le soutien iranien, mais le soutien inconditionnel du passé est révolu. Ils vont devoir travailler dans les limites de ce qui est acceptable pour ne pas faire dérailler les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran. »

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Mais le poids politique de l’Iran sur les rebelles n’est pas nécessairement très fort, estime pour sa part Laurent Bonnefoy, chargé de recherche au CNRS et spécialiste du Yémen. « La chaîne de commandement entre les Houthistes et l'Iran n'est pas clairement établie. Il est entendu qu'il y a un soutien logistique, mais dans le même temps, il y a une autonomie politique assez claire des Houthistes. Ils savent que le temps joue pour eux et que l'Arabie saoudite a envie de s'en défaire, donc la réalité est que les Houthistes ont fait bien peu de concessions. »

D’après un porte-parole du gouvernement yéménite, cet échange n’est qu’une première étape, il appelle à la poursuite des efforts pour libérer d’autres détenus.

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