Recruté dans la foulée du rachat du club nordiste par l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois Gérard Lopez début 2017, Marcelo Bielsa, passé par le banc de l'OM, devait permettre au Losc de "changer de dimension". (Photo archives AFP)
Le club de Lille a été condamné vendredi par la cour d’appel de Douai (Nord) à verser deux millions d’euros à son ex-entraîneur Marcelo Bielsa, écarté en 2017, en raison d’une « clause parachute » qui le protégeait en cas de licenciement, même pour faute grave.
La chambre sociale de la cour d’appel « condamne (le club) à payer (à Marcelo Bielsa) la somme de 2 millions d’euros à titre de dommages-intérêts », écrit-elle dans son arrêt, consulté par l’AFP. En revanche, la cour « confirme » la faute grave justifiant le licenciement de l’Argentin, déjà retenue en première instance par le conseil des prud’hommes de Lille en juillet 2021.
« C’est un jugement dans lequel tout le monde peut se retrouver », a réagi auprès de l’AFP Bertrand Wambeke, avocat du Losc.
Recruté dans la foulée du rachat du club nordiste par l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois Gérard Lopez début 2017, Marcelo Bielsa, passé par le banc de l’OM, devait permettre au Losc de « changer de dimension ». Mais il avait fait long feu, et été mis à pied après 13 matches alors que le Losc était avant-dernier de Ligue 1.
Une somme « décevante »
La cour d’appel a considéré que le précontrat signé entre le club et l’entraîneur le 14 février 2017 et celui envoyé pour homologation à la Ligue de football professionnel (LFP) le 1er juillet « ont pu s’appliquer cumulativement », le deuxième document étant considéré comme « un avenant » au premier. Or, le contrat du 14 février, à l’inverse de celui du 1er juillet, incluait une clause dite « parachute », stipulant que « si le club (…) faisait pour n’importe quelle raison arrêter le technicien dans l’exercice de ses fonctions », il devrait « l’indemniser par le paiement de toutes les quantités indiquées » dans le contrat.
Mais la cour d’appel a nettement revu à la baisse le montant induit par cette clause, à deux millions d’euros, une somme « décevante » pour l’avocat de l’Argentin, Me Benjamin Cabagno, alors que son client réclamait 13 millions d’euros au titre de cette seule clause, sur un total de 19 millions.
« Le préjudice effectivement subi par Marcelo Bielsa a couru sur six mois tout au plus », souligne la cour d’appel. L’entraîneur argentin avait en effet repris du service dès juin 2018 à Leeds, club de D2 anglaise qu’il avait conduit en Premier League au bout de deux saisons et où il a touché « des émoluments bien supérieurs à ceux du contrat litigieux », écrit la cour. Considéré comme un entraîneur de premier plan, l’Argentin est également connu pour son caractère éruptif.
« Insubordination »
Il avait quitté l’Olympique de Marseille au tout début de sa deuxième saison, en 2015, pour un changement de dernière minute dans son nouveau contrat, et fait un bref passage de deux jours à la Lazio Rome avant d’en partir sans diriger un seul match.
A Lille, il aurait fait preuve « d’agressivité, de dénigrement » envers certains de ses collègues, et même d' »insubordination », assurait avant la décision Bertrand Wambeke. « Quel que soit le caractère d’une personne, elle ne peut pas s’affranchir de la hiérarchie », avait-il ajouté.
Pour la cour, Marcelo Bielsa a commis une faute grave par son comportement vis-à-vis de Luis Campos, conseiller de Gérard Lopez, et de Joao Sacramento, entraîneur adjoint et analyste vidéo du club.
Selon l’arrêt, Bielsa « a persisté à ne pas accéder à la demande de la direction » de collaborer avec Luis Campos, malgré un mail dans lequel l’entraîneur affirme à Gérard Lopez qu’il « (acceptera) la présence (de Campos) en (se) comportant de manière civilisée ». Cela « n’augure évidemment rien d’une collaboration effective et positive », écrit la cour d’appel. Concernant Joao Sacramento, « il n’est pas discutable que Marcelo Bielsa a, dès qu’il a pris ses fonctions, amputé celles d’entraîneur adjoint de M. Sacramento et qu’il l’a fait de façon peu amène », est-il écrit dans l’arrêt.