Luxembourg
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Gestion de l’eau : «Sans une autre politique agricole, nous n’atteindrons jamais nos objectifs»

La station d’épuration de Bettembourg a notamment été modernisée pour répondre aux objectifs environnementaux. (photo Tania Feller)

Un nouveau plan de gestion de l’eau a été présenté par la ministre de l’Environnement, avec un constat simple : le Luxembourg doit mieux faire.

Aucun cours d’eau du Luxembourg n’est actuellement en «bon état», suivant les critères fixés par l’Union européenne aux États membres. C’était un constat attendu, au vu des derniers mois de sécheresse et de manque d’eau potable que le pays a connus, mais cela fait tout de même mal.

Jeudi après-midi, la ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring, s’est jointe au STEP, le syndicat intercommunal pour l’exploitation de la station d’épuration de Bettembourg, afin de présenter le nouveau «plan de gestion de l’eau», qui doit, à l’horizon 2027, atteindre les objectifs environnementaux et notamment le bon état des eaux de surface et souterraines du pays.

«Oui, l’état actuel de nos cours d’eau n’est pas très bon, mais nous avons fait des efforts ! Les référentiels d’évaluation ne sont pas assez fins pour bien montrer cela. Des efforts considérables ont été réalisés ces dernières années», souligne le directeur de l’administration de l’Eau, Jean-Paul Lickes.

Deux problèmes majeurs

Pour lui, deux problèmes majeurs viennent compromettre la bonne tenue des objectifs luxembourgeois : le manque de terrains, mais aussi le manque de dialogue entre l’administration agricole et environnementale. Car l’un des principaux objectifs de ce plan de gestion tient en un seul mot : la renaturation. Mais pour renaturer, il faut… du terrain.

«C’est ce qui nous manque aujourd’hui. Nous discutons beaucoup avec les propriétaires, les riverains, mais ce n’est pas facile. C’est l’aspect sous-estimé dans tous les pays membres qui sont densément peuplés, ce n’est pas uniquement le cas du Luxembourg. On se heurte au droit foncier et ce n’est pas évident», explique Jean-Paul Lickes.

L’autre grand souci reste aussi la politique agricole commune, qui, selon le directeur du STEP, «ne tient pas assez compte de la politique environnementale de l’Union européenne». «Les directions respectives ne se parlent pas assez. Les législations européennes ne sont pas assez coordonnées et ça se voit à notre niveau.»

Une politique agricole qui ne facilite donc pas le travail : «Sans une autre politique agricole, ce sera très difficile d’atteindre les objectifs fixés. Nous n’avons pas réussi à réduire les pollutions provenant du secteur agricole, mais il va falloir !».

Des points qui devront être pris au sérieux

Ce nouveau plan de gestion vise donc à «préserver les ambitions du Luxembourg en vue d’atteindre le bon état des eaux», souligne le ministère de l’Environnement, qui n’a pas manqué de consulter le grand public, en 2021, afin d’ajouter des nouveaux points à ce plan ambitieux, qui contient une description générale des caractéristiques des cours d’eau et des eaux souterraines, un résumé des pressions et incidences importantes de l’activité humaine sur l’état des eaux, ainsi qu’un programme des mesures nécessaires.

Pas moins de 197 types de mesures et 2 374 mesures individuelles ont ainsi été définis dans les domaines de l’agriculture, de l’hydromorphologie, des eaux souterraines et de la gestion des eaux urbaines. Des points qui devront être pris au sérieux par le gouvernement, mais aussi par les communes et citoyens, des acteurs importants pour atteindre les objectifs. «Nous n’allons pas nous décourager, bien au contraire», a conclu la ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring.

Pas de nouveaux points de forages

Concernant un potentiel manque d’eau potable par fortes chaleurs, le directeur du STEP est catégorique : «Nous n’autoriserons pas plus de points de forage parce que la directive cadre prévoit d’utiliser l’eau de manière durable. Actuellement, nos ressources sont utilisées au maximum. Si nous ajoutons des points de forage, cela veut dire que nous nous orienterons vers une surexploitation de la ressource et c’est quelque chose que nous ne voulons pas. Nous gardons pour le moment une réserve stratégique, que nous ne voulons pas toucher.»