Luxembourg
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Justice : un policier accusé de faux et usage de faux

L’inspecteur est accusé de ne pas suffisamment être à cheval sur le règlement. (Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

La tactique dans la pratique de l’inspecteur n’était apparemment pas la bonne : le jeune homme a commis un faux dans un rapport de police. Il en a pris pour son grade face aux magistrats.

Ce jeune policier était chargé par l’administration communale d’Esch-sur-Alzette d’aller s’assurer que quelqu’un vivait bien encore à une adresse donnée. L’occupant du logement ne consommait plus d’eau et d’électricité depuis un moment. Plutôt que de se rendre sur place, le jeune inspecteur a pris son téléphone et contacté l’occupant, qui lui a assuré toujours vivre dans le logement en question. La méthode n’est peut-être pas des plus probantes pour vérifier une information, mais ce n’est pas elle qui pose problème.

Depuis le commissariat où il était affecté, le policier a rempli, le 26 janvier 2021, un rapport pour le transmettre à l’administration communale. Sur ce rapport était cochée la case correspondant à une vérification effectuée en se déplaçant au domicile de la personne, donc pas par téléphone. À une employée de l’administration communale qui, sur un doute, l’a contacté, le policier a avoué ne pas s’être rendu sur les lieux. Un laxisme qui lui a valu de solides remontrances de la part de la présidente de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg et de la représentante du parquet, jeudi après-midi.

Les policiers sont les yeux et les oreilles de la justice et, sans leur probité, «on peut remballer», selon la représentante du parquet. «Par votre attitude, vous ébranlez tout un système», lance-t-elle, estimant que le policier a «voulu masquer sa paresse» et se «faciliter la vie». «Il n’a pas fait son travail, il a fait comme si», indique-t-elle au tribunal. «J’espère que nous n’aurons jamais à nous reposer sur un procès-verbal qu’il aura rédigé.» Pour elle, le jeune homme met en danger la confiance du citoyen en l’appareil judiciaire et pervertit la fonction de policier. Elle a requis contre lui une amende conséquente ainsi que 24 mois de prison, mais ne s’est pas opposée à un sursis.

Dans le collimateur de l’IGP

Une procédure disciplinaire est en cours à l’Inspection générale de la police (IGP). C’est la deuxième fois dans la courte carrière du policier, puisque, note la parquetière, il a déjà oublié de remettre un rapport de police à temps, obligeant le parquet à abandonner les poursuites contre un contrevenant.

À la barre, le jeune homme contrit a expliqué qu’il croulait justement sous les rapports à finaliser avant une nouvelle affectation. Il a reconnu avoir fait un copier-coller d’un rapport et avoir juste remplacé le nom et l’adresse de la personne contactée, oubliant au passage de cocher la bonne case. Des explications qui n’ont pas convaincu la présidente, qui affirme que l’inspecteur a été décrit comme quelqu’un de «paresseux» par ses supérieurs, qui n’était intéressé que par le fait de savoir «où il allait manger pendant sa pause».

Elle s’étonne que le jeune homme n’ait pas encore été déchu de ses fonctions. La rigueur est importante dans le métier de policier, lui rappelle-t-elle alors que l’inspecteur a oublié par deux fois son rendez-vous chez le juge d’instruction.

« S’il avait eu l’intention de commettre un faux, il ne l’aurait pas reconnu »

«Quand on ne veut pas, on ne veut pas», rétorque-t-elle à l’avocat du policier qui énumère les circonstances atténuantes dans le chef du prévenu, comme son jeune âge ou le contexte professionnel dans lequel il devait évoluer au commissariat d’Esch-sur-Alzette, «un des plus difficiles du pays». L’avocat estime que «nous sommes devant vous aujourd’hui, parce qu’il a été honnête et a reconnu au téléphone ne pas être allé sur place. S’il avait eu l’intention de commettre un faux, il ne l’aurait pas reconnu.»

Le policier n’aurait tiré aucun intérêt à procéder de la sorte, même pour masquer sa négligence. Il doit donc, selon sa défense, être acquitté des infractions de faux et usage de faux retenues à sa charge.

Le prononcé est fixé au 14 décembre.