Luxembourg
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La coopérative Ouni disparaît : «Ce n’est pas notre dernier mot»

La première enseigne 100 % vrac du pays (ici l’épicerie de Luxembourg) n’aura pas survécu à la crise sanitaire.

La coopérative Ouni, qui avait lancé deux boutiques 100 % vrac à Luxembourg et Dudelange, fait «aveu de faillite» face à des dettes colossales, mais promet de revenir très bientôt.

Une page se tourne. La «famille Ouni» a fait ses adieux à ses deux boutiques situées à Luxembourg et Dudelange après six années de bons et loyaux services. Une décision douloureuse qui a été votée à l’unanimité cette semaine lors d’une assemblée générale extraordinaire où une centaine de membres de la coopérative s’étaient réunis.

Il faut dire que le couperet était attendu. La coopérative croulait en effet sous des dettes «impardonnables», selon Myriam Schütz, membre du conseil d’administration : frais d’actionnaires, dette à l’égard de l’État, prêt en raison de la crise du Covid-19… Près de 350 000 euros à rembourser, dont 120 000 de «dette urgente». Une mission quasi impossible, au vu du chiffre d’affaires en berne depuis plusieurs mois.

«Nous n’avons pas su remonter la pente après la crise sanitaire», se désole la bénévole. Le Covid-19 aura en effet eu raison de la firme, qui avait pourtant connu un franc succès à son lancement, en 2016. À tel point qu’une deuxième boutique avait ouvert ses portes dans le sud du pays. Mais avec une ouverture en mars 2020, pile au moment du confinement, le projet a rapidement été tué dans l’œuf.

Onze salariés perdent leur emploi

Les changements d’habitude des consommateurs, plus méfiants à l’égard du vrac, les nombreux travaux dans le quartier Gare où se situe la boutique de Luxembourg, le télétravail ou encore les manifestations récurrentes en ville en 2021 ont eu raison de l’attractivité de la boutique.

Des problèmes de gérance en interne se sont également ajoutés à la liste, ne facilitant pas les choses… «Sans gérant pour tenir la boutique, c’était au conseil d’administration de prendre tout en charge. Or les membres du conseil sont tous bénévoles, travaillent à côté, donc ça a été très compliqué ces derniers mois», déplore Myriam Schütz.

Une accumulation d’événements qui ont donc finalement poussé les membres à faire un «aveu de faillite» en cette fin du mois de septembre, près de six ans après le lancement du concept. Un vrai déchirement, notamment pour les onze employés que comptaient les deux magasins luxembourgeois, qui perdent leur job, mais aussi une «famille». «C’était très émouvant. Vous savez, pour venir travailler à Ouni, il faut partager une certaine idéologie, donc cela a été très éprouvant de dire au revoir à tout cela.»

Malgré tout, les salariés et bénévoles ne veulent garder que le meilleur de cette «aventure plus que positive» : «Nous sommes très tristes, mais je pense qu’il y aura une suite. Notre concept est génial et dans l’air du temps, c’est certain. Le vrac est le grand défi du XXIᵉ siècle. À nous d’être à l’écoute des gens et de proposer quelque chose de peut-être moins encombrant, un nouveau modèle plus accessible au grand public», réfléchit Myriam Schütz, qui est sûr d’une chose : «Ce n’est pas notre dernier mot, nous reviendrons.»

Les grandes dates d’Ouni

2016. L’équipe d’Ouni (Organic Unpackaged Natural Ingredients ou «sans» en français) présente son projet dans le cadre du concours 1,2,3 Go social, qui s’adresse aux entrepreneurs sociaux du Luxembourg. L’idée? Vendre des produits alimentaires bios sans emballage. Un concept encore jamais mis en œuvre dans le pays et qui permettrait aux résidents de réduire leurs déchets.

Quelques mois plus tard, une première boutique ouvre ses portes à Luxembourg, dans le quartier Gare.

2019. En décembre, la coopérative reçoit le feu vert pour l’ouverture d’une seconde boutique à Dudelange cette fois-ci, en mars 2020. Malheureusement, seulement trois jours après son inauguration, le confinement force la fermeture du magasin. L’équipe tente alors de s’adapter, en proposant des livraisons, mais les clients ne sont plus au rendez-vous.

2021. Une campagne de financement participatif est lancée afin de combler les 100 000 euros de dette. La structure recherche de nouveaux coopérateurs via des achats de parts et des prêts actionnaires. Un nouveau gérant est aussi sollicité.

2022. Le 28 septembre, une assemblée extraordinaire est organisée afin de présenter les derniers chiffres et la situation de la coopérative. Face à plus de 350 000 euros de dette, la centaine de membres présente décide alors de dresser un «aveu de faillite» et ferme les deux boutiques.