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Meurthe-et-Moselle : un soldat napoléonien livre ses secrets 150 ans après

Grâce à la médaille de Sainte-Hélène, Jean-Denis Laffite et ses collègues de l’Inrap ont pu « redonner une mémoire » au squelette déterré à Cons-la-Grandville. « L’avantage est que cet homme était officier de la Garde impériale, son parcours a été très documenté. Il a une vie, c’est un roman ! » (Photo RL /René Bych)

En mai 2021, l’Inrap faisait une découverte étonnante à Cons-la-Grandville : le squelette d’un homme enterré avec une médaille de sainte Hélène. Les archéologues ont pu retracer la vie de ce soldat de la Garde impériale de Napoléon Ier grâce à sa distinction, qu’il n’aurait pas dû emporter dans la tombe.

« C’est un cas particulier. Comme un cold case : on a un squelette, avec des indices, et on brûle de savoir à qui il était… » Archéologue à l’Inrap, Jean-Denis Laffite se tient devant le lieu d’une sépulture creusée il y a presque un siècle et demi, au château de Cons-la-Grandville.

Retour en mai 2021… L’Institut national de recherches archéologiques préventives est sollicité pour des fouilles, dans le cadre d’un projet de restauration de la partie médiévale du domaine. Au pied de l’église paroissiale, la mini-pelle creuse la terre de l’ancien cimetière, désaffecté en 1896. L’équipe de l’Inrap de Metz tombe sur une énigme, parmi les ossements : dans le fond d’un cercueil en bois, les restes d’un corps tenant sur sa poitrine une médaille de sainte Hélène…

« En réponse au souhait de Napoléon Ier, mort en 1821, cette décoration a été frappée et décernée en 1857 pour honorer les soldats survivants, ayant combattu de 1792 à 1815 », détaille Jean-Denis Laffite.

Cinquante pages de dossier militaire

Les archives de la famille de Lambertye, propriétaire du château, d’autres municipales et celles du Service historique de la Défense de Vincennes aident à faire le tri entre les récipiendaires. Jusqu’à retracer la piste de Jean-Jacques Zentz, ancien membre de la Garde impériale, né à Koblenz en 1787. « En un mois, nous savions de qui il s’agissait. Mais il a ensuite fallu en donner des preuves », raconte l’ingénieur en recherches. Par chance, le dossier militaire de l’intéressé, conservé à Vincennes, compte « cinquante pages avec toutes ses lettres ».

Cette mine d’or confirme ce que l’étude des ossements avait suggéré à Jean-Denis Laffite et Frédéric Adam, son collègue anthropologue. Jean-Jacques Zentz était un coriace, un solide bonhomme de 1,75 m, « à une époque où la taille moyenne se situait entre 1,57 m et 1,60 m ».

Dans un document daté de 1816, un chirurgien constate que le militaire a gardé une cicatrice de 20 cm au niveau du nombril, à la suite d’un « coup de boulet ». Ce souffle d’un projectile passé trop près de lui l’avait laissé pour mort, en 1814. Neuf mois après, Jean-Jacques Zentz était sur le front à Waterloo, pour la dernière bataille d’une vie passée à servir Napoléon Bonaparte, de l’Espagne à la Russie.

« Redonner une mémoire »

Privé d’exercer un métier, puis reconverti en percepteur près de Longwy, le soldat d’élite survivra à son empereur jusqu’en 1876. Il s’est éteint à l’âge de 89 ans, avant de se faire inhumer avec une distinction qu’il n’aurait jamais dû emporter dans la tombe… « Normalement, dans la religion catholique, les gens n’étaient pas autorisés à se faire enterrer avec une décoration, sinon une croix », rappelle Jean-Denis Laffite.

Presque 150 ans plus tard, le morceau de bronze a permis de « redonner une mémoire » aux restes du soldat napoléonien de Cons-la-Grandville.