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Retraites : regain de mobilisation et de tensions en France

Comme ici à Nantes, la mobilisation contre la réforme des retraites, entérinée cette semaine, a connu un net rebond. (Photo : afp)

La neuvième journée d’action contre la réforme des retraites n’a pas faibli au lendemain d’une intervention du président de la République qui a hérissé les opposants.

Cette journée de grève et de mobilisation à travers l’Hexagone était la première organisée au niveau national après l’adoption de la loi sur la réforme des pensions via l’arme constitutionnelle du 49.3.

Peu avant le départ du cortège parisien, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a noté un «regain de mobilisation» et appelé «à la non-violence», ajoutant que «jusqu’au bout, il va falloir garder l’opinion». À ses côtés, son homologue de la CGT, Philippe Martinez, a estimé qu’Emmanuel Macron avait «jeté un bidon d’essence sur le feu» avec son interview, rappelant que les syndicats avaient écrit au chef de l’État pour l’alerter sur la «situation explosive» du pays.

Des violences éclatent rapidement

À Paris, où la CGT a annoncé 800 000 manifestants, des violences ont rapidement éclaté en tête de cortège : pavés, bouteilles et feux d’artifice lancés sur les forces de l’ordre, vitrines et abribus brisés et feux de poubelles. La préfecture de police, qui a recensé «environ un millier» d’éléments radicaux dans la capitale, faisait état de 14 interpellations peu avant 17 h, jeudi. À Nantes et Rennes aussi, des heurts ont opposé des manifestants aux forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Des tensions plus ou moins fortes ont également été constatées à Toulouse, Lille, Bordeaux ou Dijon.

Dans les cortèges, la détermination et la colère étaient palpables avec beaucoup de ressentiment vis-à-vis du chef de l’État. À Strasbourg, Nathalie Cholley, aide-soignante de 47 ans, est venue pour «défendre» son avenir, mais aussi «protester contre la politique d’Emmanuel Macron et son mépris». «Je n’aime pas sa manière de parler aux Français, il y a un vrai manque de respect.»

Une mobilisation en net rebond

Les premiers chiffres attestaient d’un net rebond par rapport à la précédente journée de mobilisation avec, selon les autorités, 12 400 personnes à Strasbourg, 14 800 à Rouen, et 18 000 à Montpellier. À Marseille, les syndicats ont compté 28 000 personnes et la préfecture 16 000 manifestants. La police a dit attendre entre 600 000 et 800 000 personnes sur environ 320 actions en France, dont 40 000 à 70 000 à Paris.

Mercredi, Emmanuel Macron n’avait pas dévié de son cap, réaffirmant que sa réforme était «nécessaire», qualifiant les auteurs de violences de «factieux» et égratignant au passage les syndicats, et particulièrement la CFDT, accusés de ne pas avoir su «propose(r) un compromis».

«Cibler la CFDT, c’est idiot. Je n’ai jamais renoué le dialogue en mettant une gifle à quelqu’un», a répondu Laurent Berger jeudi. Pour le patron du premier syndicat français, ces propos ont «sans doute renforcé la détermination pour les manifestations». Les autres leaders syndicaux ont dénoncé à l’unisson le «mépris» et le «déni» du chef de l’État.

Importantes perturbations

Pendant ce temps, les grèves entraînaient de nombreuses perturbations, notamment dans les transports. À la SNCF, seuls la moitié des TGV Inoui et Ouigo et le tiers des TER circulaient, tandis que la RATP faisait état d’un trafic «très perturbé».

Quelques dizaines de personnes ont également fait irruption à l’aéroport de Roissy, bloquant durant une heure les accès au terminal 1 avant d’en être délogées dans le calme. Face au risque de pénurie de carburant, le gouvernement a pris un arrêté de réquisition à l’égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie.

Dans l’Éducation nationale, le ministère a comptabilisé 23,22 % de grévistes dans le primaire et 19,61 % dans le secondaire. L’agitation gagne aussi une partie de la jeunesse. Le ministère a signalé jeudi après-midi 148 incidents dans les lycées dont 38 blocages. Des universités ont elles aussi été bloquées. Dont la peu révolutionnaire faculté de droit d’Assas.

La mobilisation de jeudi sera-t-elle un baroud d’honneur ou un bouquet final avant que la contestation ne s’éteigne? Selon une source proche du gouvernement, l’exécutif espère que la mobilisation «s’étiole» et que tout rentre dans l’ordre «ce week-end».

Environ 13 000 manifestants à Metz

Dès jeudi matin, les premiers rassemblements et blocages ont été signalés en Moselle. À Thionville, après un blocage du pont des Alliés jusqu’à 9 h 30, 80 manifestants ont pris la direction du Decathlon, à proximité de la bretelle de l’autoroute, en vue d’une opération escargot sur l’A31.

L’intersyndicale a annoncé que 13 000 manifestants étaient réunis, jeudi après-midi, dans les rues de Metz. La police a dénombré 8 000 personnes. Une délégation de l’OGBL avait rejoint ses homologues français.

Peu avant 16 h, 200 à 300 personnes se sont extraites du cortège pour se rendre sur l’autoroute A31, où les attendaient une douzaine de CRS. Si la plupart d’entre elles ont rapidement renoncé et rebroussé chemin, 30 à 50 ont insisté. Les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants à coups de bombes lacrymogènes.

À Longwy, entre 600 et 800 personnes se sont rassemblées pour exiger le retrait de la réforme des retraites.