Luxembourg
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Soupçons de maltraitance dans une crèche : des faits graves dénoncés

L’ancienne directrice a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés.

Les violences imputées à l’ancienne directrice de la crèche sont à peine croyables. Elles sont pourtant confirmées par de multiples témoins entendus par la police et pèsent lourd face aux dénégations de la prévenue.

Le procès de l’ancienne directrice de la crèche Léiwe Léiw à Bous a repris hier après-midi. Les juges de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg ont décidé de joindre au fond les incidents soulevés par la défense la veille, qui visaient notamment la nullité de la procédure et à obtenir le huis clos. Le président a passé en revue les faits reprochés à la femme d’origine portugaise de 53 ans, qui a tout contesté en bloc.

Maria est accusée de coups et blessures volontaires, de privation de soins et de s’être comportée de manière violente et agressive envers les enfants à sa charge et trois de ses anciennes salariées. La plupart des faits se seraient produits au moment des repas. «Les enfants ne mangeaient pas assez vite à votre goût et vous les avez, entre autres, forcés en leur tirant la tête en arrière et en leur poussant la cuillère dans la bouche au point de provoquer des vomissements et des blessures aux lèvres», explique le président.

«Il s’agit des reproches de base concernant quinze enfants. Une multitude de personnes l’affirment.» «Ce sont tous des Portugais. Ils tiennent ensemble», répond la prévenue qui ne comprend pas les accusations. «Ils ne se sont jamais plaints avant de blessures ou de mauvais traitements.»

Cette accumulation d’accusations joue en défaveur de la prévenue. 29 personnes sont appelées à témoigner lors des six prochaines semaines de ce procès qui devrait se tenir jusqu’au 13 janvier 2023. Une stagiaire a signalé des maltraitances physiques et psychiques de la part de l’ancienne directrice au ministère de l’Éducation nationale en février 2017.

Une enquête a alors été lancée. «Les cinq premiers témoins entendus ont tous tenus les mêmes propos», confirme l’enquêteur du service de protection de la jeunesse de la police judiciaire qui énumère à la barre les exemples de mauvais traitements et de manquements à l’hygiène qu’auraient subi les enfants et les anciens collaborateurs.

La vingtaine d’anciens salariés entendus par la suite par la police étaient presque tous unanimes, a précisé l’enquêteur. Décision est prise de fermer la crèche avec effet immédiat le 11 octobre 2017. «Les employées présentes nous ont témoigné leur soulagement», a ajouté l’enquêteur.

Après le personnel, la police a entendu les parents des enfants. «Certains ne savent pas encore aujourd’hui ce qui s’est réellement passé», indique l’enquêteur. «Ils avaient remarqué que leurs enfants avaient changé de comportement, jouaient de manière plus violente, allaient au coin tous seuls quand ils pensaient avoir fait une bêtise. Un des enfants s’est mis à bégayer.»

La directrice aurait interdit tout contact entre ses employées et les parents. Employées qui n’avaient pas non plus le droit d’utiliser leurs smartphones et de consoler les enfants, selon le policier. «Ce ne serait pas de cette manière qu’on obtiendrait du respect.»

Le parquet a vu un risque imminent

Les faits reprochés à la prévenue font froid dans le dos. Rares seraient les commentaires positifs à son égard. Même si certains témoignages semblent moins crédibles que d’autres. «Tout devait aller rapidement pour elle», explique Mariana qui a porté plainte en 2015 pour alerter de la situation. «Elle criait et frappait. Plus les enfants pleuraient, plus elle les frappait.» La jeune femme de 34 ans est un des trois adultes victimes présumées de coups.

«Un enfant par jour minimum recevait des coups. Elle trouvait toujours une bonne raison pour les justifier. Quand un enfant ne parvenait pas immédiatement à faire quelque chose, par exemple», s’emporte la témoin. «Elle était entraînée. Elle savait où frapper pour que les enfants ne gardent pas de traces et que personne ne se rende compte de rien.»

L’avocat de la prévenue s’est étonné que les collègues présentes en même temps que la jeune femme n’aient pas dénoncé les mêmes faits. «Je n’y peux rien si les autres ne veulent pas dire la vérité et préfèrent vivre avec cela sur la conscience», estime Mariana. «Je ne sais pas quelle relation elle a avec ces personnes.» L’ancienne directrice de la crèche évoque une cabale montée contre elle par la jeune femme et d’autres anciennes employées. Les tensions seraient venues du fait que la témoin n’aurait pas fait son travail comme elle l’aurait dû, selon l’avocat. «J’allais au travail la boule au ventre. Je paniquais. Je n’arrivais plus à travailler», explique-t-elle.

Peu patiente, violente, autoritaire, le portrait de la prévenue, dressé hier, n’est pas des plus élogieux. Les faits dénoncés sont graves, ont confirmé une assistante sociale et une assistante d’hygiène sociale du ministère de l’Éducation nationale. «Le parquet m’a demandé, au vu de ce qu’avait révélé l’enquête de police, de retirer l’agrément de la crèche avec effet immédiat. Il a estimé que nous étions en présence d’un risque imminent pour la santé physique et morale des enfants», s’est souvenue l’une d’elles.

Les témoins se succèderont à la barre de la 12e chambre criminelle dans les jours et les semaines à venir. Certains à charge et d’autres à décharge.